Lien intestin-cerveau: Comment nourrir l'un pour un mental au top et un poids santé.
- Mona Belmkadem Drissi
- 13 août
- 4 min de lecture
L'intestin et le cerveau sont éloignés l'un de l'autre et pourtant ils échangent et travaillent ensemble au quotidien. Quel rôle joue le microbiote (ces bonnes bactéries dans nos intestins) dans cette relation et comment l'influencer?
Quand on se réveille de mauvaise humeur sans vraiment savoir pourquoi, on invoque souvent le mauvais temps, le sommeil, les hormones, etc. Mais on ignore le rôle que joue notre alimentation sur notre microbiote et donc sur notre moral.
En effet, les intestins gèrent la digestion et l'absorption, mais pas seulement. Il suffit qu’un déséquilibre touche l’intestin (dysbiose), pour que cela affecte votre état de santé, que ce soit sur le plan physique ou psychique. Autrement dit, l’influence de l’intestin va bien au-delà d’une simple répartition des nutriments.
En général, si vous tombez souvent malade (faible immunité), si vous prenez facilement du poids, ou si vous êtes anxieux, vous avez probablement un déséquilibre au niveau de vos intestins.
Des chercheurs ont observé des troubles de la flore intestinale chez des personnes anxieuses et déprimées. Chez ces personnes, le cortisol, l’hormone du stress est plus élevé, et la prise de certains probiotiques par voie orale peut aider à baisser son niveau.
Le microbiote intestinal, autrefois appelé « flore intestinale », contient à lui seul, 40 à 500 milliards de micro-organismes. Cela fait au moins 1,5 fois plus de micro- organismes que le nombre de cellules qui constituent notre corps, voire 10 fois plus. Il occupe entre 1,5 et 2 kg du poids total du corps, pratiquement comme le cerveau.
Des chercheurs de l’université de Cork, en Irlande expliquent: « le microbiote intestinal influence la physiologie du système nerveux central, l'anxiété, la dépression, le comportement social, la cognition et la douleur viscérale » (1). Donc, toute modification de notre microbiote peut influencer notre humeur et vice versa. Les changements alimentaires, les antibiotiques et les probiotiques manipulent le microbiote et ces changements peuvent affecter le comportement humain.
Un chiffre très parlant: plus de la moitié des personnes souffrants d'anxiété ou de dépression connaissent des troubles digestifs. D'ailleurs, le caractère anxieux peut même se transmettre d’un animal à l’autre par une greffe du microbiote (2).
Mais, vous me direz, comment est-ce que le cerveau et les intestins communiquent?
Le cerveau et les intestins communiquent grâce au système nerveux et plus précisément grâce au nerf vague. Il est le plus grand nerf crânien de l’organisme et fonctionne de manière bidirectionnelle : de l’intestin vers le cerveau et du cerveau vers l’intestin.
Un microbiote en mauvaise santé favorise la perméabilité intestinale, des molécules pro-inflammatoires sortent donc de l'intestin, passent par la circulation sanguine et provoquent une inflammation nocive pour le cerveau. La dysbiose est donc impliquée dans des maladies neurologiques comme le Parkinson.
Par ailleurs, le microbiote agit sur le métabolisme du tryptophane, acide aminé précurseur de la sérotonine qui est un neurotransmetteur qui intervient dans l'humeur.
Le Dr Daniel Sincholle dans son livre Super microbiote explique: « les AGCC (Acides Gras à Chaîne Courte fabriqués par le microbiote) nourrissent les cellules qui tapissent l’intestin, les entérocytes. L’intestin se renforce et sa perméabilité diminue, ce qui protège de nombreuses maladies. Une fois qu’ils sont passés dans le sang, ils joueraient alors un rôle protecteur contre le cancer, amélioreraient le fonctionnement cérébral et protégeraient des maladies neurodégénératives comme Alzheimer. »
La communication intestin-cerveau joue également dans le contrôle de la prise alimentaire et donc du poids.
Après un repas, les bactéries intestinales produisent des molécules qui suppriment l’appétit et envoient un signal de satiété au cerveau. Pierre-Marie Lledo, directeur du Laboratoire « Perception et mémoire » de l’Institut Pasteur, a commenté ces résultats dans le Journal du CNRS (3). « Lorsque nous mangeons, des fragments de bactéries intestinales (appelés muropeptides) passent dans le sang au bout de quelques minutes et se dirigent vers le cerveau. Après avoir franchi différentes barrières, ils sont détectés par un récepteur présent à l’intérieur des cellules, en particulier les cellules immunitaires, qui met au repos des neurones situés dans l'hypothalamus et contrôlant la faim. » C'est pour cette raison que l'on recommande de manger doucement, en pleine conscience.
Comment agir sur le microbiote pour améliorer l'humeur.
En premier lieu, par une alimentation saine et équilibrée, riche en probiotiques et prébiotiques naturels. Un article de ce blog sera dédié à ce type d'alimentation en détails.
Les probiotiques sont des micro-organismes vivants ingérés soit en complément alimentaire soit dans un aliment qui en contient naturellement. Avec le type de nourriture moderne, le stress, les antibiotiques etc, la nature de notre microbiote se déséquilibre et devient riche en certaines bactéries au lieu d'autres ou pauvre en bonnes bactéries.
Les prébiotiques sont des glucides complexes, des fibres alimentaires que nous ne pouvons pas digérer mais qui servent à nourrir de « bonnes bactéries » de notre microbiote intestinal.
En 2020, des chercheurs chinois ont publié une méta-analyse de 10 essais cliniques sur l’utilisation de probiotiques dans le cadre de la dépression et de l’anxiété. Les résultats obtenus sur 685 patients montrent que les probiotiques réduisent significativement les symptômes de dépression chez les personnes anxieuses ou déprimées, et les personnes stressées en bonne santé (4).
Dans les compléments alimentaires, les probiotiques sont souvent combinés à des prébiotiques, pour former des « synbiotiques ».

Remarque : Si vous prenez un traitement contre la dépression ou autre, ne l’arrêtez pas. Consultez toujours votre médecin.
Références:
1- Kennedy et al. Kynurenine pathway metabolism and the microbiota-gut-brain axis. Neuropharmacology. 2016.
2- Navidinia et al. The clinical outcomes of gut-brain axis (GBA) microbiota influence on psychiatric disorders. Iran J Microbiol. 2023.
3- Testard-Vaillant et al. Les pouvoirs méconnus du microbiote, peuple de nos intestins. Le Journal du CNRS. 2022.
4- Chao et al. Effects of Probiotics on Depressive or Anxiety Variables in Healthy Participants Under Stress Conditions or With a Depressive or Anxiety Diagnosis: A Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials. Front Neurol. 2020.
Sources: Collège des Médecines Douces du Québec; Lanutrition.fr.



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